Procès Le Scouarnec : la peine de prison qui se profile déçoit déjà les victimes

Procès Le Scouarnec : la peine de prison qui se profile déçoit déjà les victimes À une dizaine de jours de la fin du procès Le Scouarnec, le verdict qui se profile ne réjouit pas les victimes.

Depuis le 24 février dernier, le procès du pédocriminel Joël Le Scouarnec se tient au tribunal de Vannes, dans le Morbihan. Aussi connu comme le chirurgien de Jonzac, il est accusé d'avoir agressé sexuellement et d'avoir commis des actes à caractère pédocriminel sur plus de 300 victimes. Victimes souvent mineures et rencontrées dans le cadre de son travail. Les faits reprochés s'étalent sur près de vingt-cinq ans, de la fin des années 1980 au début des années 2010.

Alors que le procès de Joël Le Scouarnec est entré ce lundi 19 mai dans sa treizième et avant-dernière semaine, le verdict est attendu dans l'après-midi du 28 mai, soit après trois mois d'audiences. La peine maximale encourue est de 20 ans de prison, rappelle Le Télégramme. Or, Joël Le Scouarnec a déjà été condamné en 2020 à 15 ans de réclusion criminelle pour viol et agression sur quatre mineurs, à savoir deux nièces, sa jeune voisine de Jonzac et une petite patiente.

"Cinq années supplémentaires pour 300 victimes ? Une aberration"

Malgré le fait que ce sont désormais plus de 300 victimes qui l'accusent dans ce second procès, Joël Le Scouarnec pourrait donc être condamné, au maximum, qu'à cinq années de plus que la peine qu'il purge actuellement. Une aberration pour certaines de ses victimes. "Cinq années supplémentaires pour 300 victimes ? [...] Que vous violiez un enfant ou 300, la peine reste la même. Ce procès est l'occasion de réinterroger la loi. Nos femmes et hommes politiques doivent repenser cette aberration-là", soulevait déjà fin février auprès de France 3 Me Marie Grimaud, avocate de 48 victimes de l'ex-chirurgien.

"Il n'y a pas de cumul de peines pour les violences sexuelles, mais une confusion des peines", regrettait-elle, tout en pointant que "dans d'autres domaines, plus vous faites de victimes, plus votre sanction est lourde". Et Me Marie Grimaud de plaider : "Cela fait des années que ce problème est sous le tapis. Il va bien falloir que la loi change." Pour elle, le procès Le Scouarnec devrait être un tournant. "La législation doit évoluer. Une peine maximale de 20 ans, ce n'est pas suffisant", insistait-elle.

"Le procès d'un système"

Ce lundi, relaie Actu.fr, une cinquantaine de personnes, victimes ou proches de victimes, s'est encore réunie devant le tribunal de Vannes pour dénoncer l'inaction des institutions et réclamer de vrais actes politiques. "À neuf jours de la fin du procès, nous ne pouvons plus accepter l'inaction. Nous ne pouvons plus accepter que cette affaire historique se termine comme elle a commencé, dans le silence", a dénoncé l'une des membres du collectif de victimes. Et un autre de renchérir : "Ce procès n'est pas seulement celui d'un homme, c'est le procès d'un système, celui de défaillances institutionnelles en série, de complicité passive, d'alertes ignorées, de défauts de coordination, d'une culture des silences."